Avec son volet participatif, ses danses furieusement ancrées dans le corps, et d’autres embrassant poétiquement le numérique, la saison d’automne à l’Agora soulève un enjeu au cœur de notre humaine condition : la liberté.

 

Des œuvres qui prennent vie avec les spectateurs

L’art vivant convie de plus en plus les spectateurs à participer aux œuvres. En danse, les formes ouvertes se multiplient : le public circule librement et peut être amené à contribuer à la performance. On pense au récent Fluid Grounds de Sophie Corriveau et Benoît Lachambre, aux œuvres de la jeune Aurélie Pedron.

 

Agir dans l’œuvre semble ouvrir un nouvel espace de liberté pour le spectateur et pour l’artiste. L’Agora lance donc sa saison en invitant le public à devenir acteur de deux œuvres, coup sur coup : Le Sacre du printemps de Roger Bernat, du 12 au 15 septembre, et Eve 2050 de Van Grimde Corps Secrets, du 19 au 22 septembre.

 

Le premier fait des œuvres participatives l’essence de son travail d’artiste. Il propose ici au public de jouer le jeu de consignes données via des casques d’écoute, qui l’entraînent dans l’univers du célèbre Sacre du printemps de Pina Bausch. Une expérience aussi ludique que sociale et artistique. Dans Eve 2050, le public circule dans une installation sur l’humain de demain. Ses interactions avec des images et autres contenus numériques contribuent à nourrir et modifié la destinée d’Eve, ce personnage à la fois humain et cyborg, homme et femme, vieillard et enfant qui sert de fil rouge à un récit kaléidoscopique et évolutif. Au moment des performances, les danseurs interagissent à leur tour avec les images et imaginaires laissés par les visiteurs.

Agora de la danse automne 2018

SuperSuper, GROUND, Territoires

Corps individuel, social, pulsionnel : libre ou entravé?

Curieusement, plusieurs œuvres posent la question de la liberté humaine. En amalgamant la danse à leurs obsessions des nombres pour décoder l’univers, les deux interprètes de SuperSuper de Line Nault génèrent un paysage numérique fantasmagorique dont on ne sait plus si elles sont les auteures toutes puissantes ou les créatures manipulées.

 

Forme-t-on un corps social par nécessité ou par nature? C’est une question qui sous-tend GROUND de Caroline Laurin-Beaucage, où l’implacable loi de la gravité ne parvient pas à triompher des pulsions humaines. Mesurées à l’aune des grands cycles naturels, on retrouve ces mêmes pulsions, aussi belles qu’aliénantes, chez Catherine Gaudet dans L’affadissement du merveilleux.

 

La liberté tragicomique de continuer à danser à 50 ans passés pour Pep Ramis, dans The Mountain, the Truth and the Paradise, se mue parfois en nécessité d’arrêter, deuil de danse inévitable qu’ausculte De la glorieuse fragilité de Karine Ledoyen. Chez Lucie Grégoire, les vastes étendues naturelles, déserts chauds ou glacials, deviennent autant d’espaces de liberté de création intérieure dans Territoires. Enfin, sous l’égide de La 2e Porte à Gauche, artistes visuels et artistes de danse prennent la liberté de ne pas faire spectacle dans ATTABLER, banquet d’idées et de rituels partagés avec vous.

 

Un nouveau volet d’activités publiques

Participative, la saison de l’Agora l’est aussi, et plus que jamais, en marge de sa saison de spectacles en offrant deux formules d’ateliers originales favorisant une engagement citoyen envers la danse, toutes générations confondues.

 

La halte-garderie dansante PopupCamp permet aux spectateurs d’amener leurs enfants âgés de 1 à 12 ans à l’Agora les vendredis 28 septembre, 26 octobre et 30 novembre. Pour la modique somme de 5 $, les petits vivront une initiation à la danse tandis que leurs parents assistent à la représentation de Catherine Gaudet, de Caroline Laurin-Beaucage et/ou de Karine Ledoyen.

 

Sous l’égide de la chorégraphe Sarah Dell’Ava, l’atelier En secret invite les gens de 9 à 99 ans à expérimenter l’art du corps en mouvement autour des multiples significations du secret. L’activité est proposée sur une période de 12 semaines d’octobre à février, incluant un partage final présenté gratuitement devant public le 1er mars.

Par Frédérique Doyon

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