­­Automne 2017 : une saison en éclats

Deux cartes blanches données à des artistes aguerris, un rendez-vous japonais et un espace dédié aux collisions esthétiques fécondes : autant de coups d’éclat pour célébrer la première saison complète de l’Agora à l’édifice WILDER – Espace danse. On se permet (encore un peu) de fêter ce nouveau toit, rue De Bleury, qu’on commence à peine à apprivoiser. Venez donc y voir…

Agora automne / fall season

Automne / Fall 2017

La célébration est surtout artistique. Cet automne fait la part belle à des démarches singulières et très personnelles, entre la fureur du geste, l’intimité du recueillement poétique et les questionnements de société. On magnifie les fidélités et les croisements artistiques qui ont toujours été au cœur du développement de l’Agora. D’ailleurs, l’un de ces fidèles et pionniers de la scène chorégraphique québécoise, Paul-André Fortier, nous offre l’avant-dernière création qu’il signe pour sa compagnie Fortier Danse-Création. Trois est un projet qui prendra une première vie en pièces détachées dans quelques lieux improbables de la ville, avant de connaître son baptême scénique en intégralité dans les murs de l’Agora.

 

Trois / Paul-André Fortier / Fortier Danse-Création / © Marlène Gélineau-Payette

Trois / Paul-André Fortier / Fortier Danse-Création / © Marlène Gélineau-Payette

Carte blanche à José Navas : ode au corps humain. Sa nouvelle pièce On se veut un hommage à deux de ses fidèles collaborateurs – le compositeur Alexander McSween et l’éclairagiste Marc Parent. Ceux-ci ont marqué l’époque où Navas affirmait sa signature plus formelle sur la scène de l’Agora dans les années 2000. Le chorégraphe ose puiser dans son répertoire pour la première fois. Sur scène avec quatre danseurs/ses triés sur le volet, il interprète des morceaux choisis d’Anatomies. Il convoque un solo qu’il a chorégraphié pour Nova Bhattacharya dont la musique (signée McSween) composée à partir de la voix de l’interprète a marqué un temps fort dans sa démarche. Et il recompose de nouveaux tableaux de groupe à partir du matériel de Portable Dances dans un décor visuel original, signé Lino, pour ouvrir un nouvel espace de liberté. Un regard jeté derrière, pour mieux se projeter l’avenir. The show must go ON…

José Navas / ON - Nouvelle création à l'Agora de la danse.

José Navas / On / © Nina Konjini

« Quand l’Agora de la danse, qui a déjà coproduit plusieurs de mes créations, m’a invité à me produire dans son nouveau domicile de l’Édifice Wilder – Espace danse, mon premier réflexe a été de me souvenir avec gratitude des œuvres que nous avons créées ensemble. Une rétrospective m’a alors semblé de mise. » — José Navas

Le jeu des filiations artistiques s’impose dès le début de la saison. Cinq ans après Les mêmes yeux que toi, Anne Plamondon retrouve la metteure en scène Marie Brassard pour ficeler son nouveau et fougueux solo Mécaniques nocturnes. Un tournant décisif vers la chorégraphie personnelle pour elle, après 10 ans passés au sein du Groupe RUBBERBANDance.

Mécaniques nocturnes

Anne Plamondon / Mécaniques nocturnes / © Michael Slobodian

L’autre carte blanche est donnée à l’artiste performeuse Sylvie Cotton. Elle embrasse pour la première fois la scène et ses procédés à l’occasion de ses vingt ans de carrière avec Le Jour se lèv(r)e. Un beau risque, permettant de saisir autrement son travail sur la présence et le souffle, pour lequel elle a notamment fait appel à… Anne Plamondon.

 

Cultiver les hybridations artistiques. Habituée aux croisements entre danse et autres langages artistiques, l’Agora se réjouit d’accueillir à nouveau le jeune et pétillant duo de créateurs vancouvérois Out Innerspace Dance Theatre. Major Motion Picture explore le thème de la surveillance et de la propagande en s’imprégnant notamment des univers cinématographiques d’Orson Wells et de Charlie Chaplin.

 

Mais cette hybridation va plus loin, alors qu’on invite aussi des artistes issus d’autres disciplines à créer une œuvre ancrée dans le corps et le mouvement, dans l’Espace Bleu du Wilder. Après Sylvie Cotton, le dramaturge européen Guy Cools s’associe à la danseuse et improvisatrice Lin Snelling pour Rewriting Distance, à l’auteure et danseuse Catherine Lalonde et au chorégraphe-interprète Peter Trosztmer. Une expérience où les mots et les gestes cheminent ensemble pour créer de nouveaux récits.

Amigrecta / Kaori Seki / © GO

© GO

Sensorialités nippones. Saviez-vous qu’un des premiers spectacles internationaux de l’Agora était dédié à la danse japonaise ? Vingt-cinq ans plus tard, voici Dansu ダンス, un programme dédié à trois chorégraphes montants de la scène nipponne, commissarié par Diane Boucher et coprésenté avec Tangente, qui fait un clin d’œil à notre histoire et souligne notre nouveau départ dans l’édifice WILDER.

 

 

Frédérique Doyon

Commissaire invitée de l’Agora de la danse