Dans Animal Triste, ils sont…
MARC BOIVIN
Il a une sensibilité à fleur de peau. Comme s’il portait son épiderme à l’envers. Attaquable par la moindre bactérie. Mais prêt à vaincre n’importe quel assaut aussi. Il a une intelligence qui se déploie dans toutes les directions. Comme une toile d’araignée qu’il tisse et où il se piège parfois lui-même tant sa pensée est fil de fer, tentaculaire, extraordinaire. Il a le don du mouvement. Ça, tout le monde le sait. Mais c’est le don de lui qu’il use le plus souvent. Entier, il est tout à prendre.
Dans Animal Triste, il est autant Mère Courage que Persée sur son socle. Il plombe de sa présence ombrageuse. Il domine. Il opprime. Occupé, comme tous les autres, à s’affranchir de son destin.
Mais il faut le voir. Quand il s’ébranle, c’est tout son corps qui se soulève et la poussière aussi. Comme un char sur une route de campagne. C’est dérangeant. C’est arrogant. Mais c’est si beau.
FRANCIS DUCHARME
Pour ne pas m’épancher, je dis de lui : Il est fou. Mais au fond, je pense : Il est génial. Mais le mot est galvaudé. Gâché par les superlatifs qui noient toujours tout. En vrai, il est prodigue et prodige à la fois. C’est rare. Ils sont peu de sa trempe. Devant ces gens-là, c’est facile d’être si ébloui qu’on en oublie la vraie flamme. On ne voit plus que l’éclat. Ce serait dommage, il y a tant à voir dans le bleu de son feu.
Dans Animal Triste, il est à la fois Caïn et Abel, il est aussi Kurt Cobain et Courtney Love. Entre la figure du « long lost son » et celle de la rock star déchue, il cultive ce charisme qui broie tout et boit tout.
Il est incandescent. Longtemps après le noir, on continue de le voir. Comme une étoile disparue. Il continue de nous hanter.
CHI LONG
Elle vit du côté des mystères. C’est pour ça qu’il faut la deviner. Ses secrets sont offerts comme de graves confessions. Étrangement, tout d’elle paraît un procédé de dissimulation. Depuis toutes ces années, il y a quelque chose en elle que je n’ai pas encore découvert. Elle est terre sauvage. Territoire encore à prendre. Elle a ce don-là. Nourrir le désir. On ne se lasse pas. Comme si le fauve en elle ne se domestiquait jamais.
Dans Animal Triste, elle est femme, femelle, Femen, féminine, féministe. Elle est la fleur et le dard en même temps. Puissante. Envoutante. Auto-suffisante. Sa présence nous aspire et parfois nous étouffe aussi.
Elle est délestée de tout fardeau. C’est pour ça qu’elle nous échappe.
RILEY SIMS
Il y a une fureur qui se dégage de sa danse. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai compris tout de suite toute la colère qui le meut. Pourtant, elle est emballée, bien propre dans un petit écrin. Ça paraît inoffensif. Mais c’est corrosif ce genre de rage-là. Ce n’est vivable que lorsqu’on a le talent qu’il a pour la transformer en machine à créer. Sinon, ça bouffe de l’intérieur et c’en est fait. Mais avec lui, ça devient beau. Ça transcende tout.
Dans Animal Triste, il est force de la nature. Il apparaît comme un oracle. Pourtant c’est lui qu’on choisit d’abandonner. Fils sacrifié. C’est par lui que s’accomplit la prophétie.
Mais quand on le voit s’acharner pour sortir de son corps, je me dis que sa quête spirituelle est tout, sauf abstraite.
À voir… dans Animal Triste de MAYDAY – Mélanie Demers, du 22 au 25 février 2017 à l’Agora de la Danse.