C’est dark. Je ne sais pas pourquoi c’est si dark. On ne choisit pas tout.
Ça parle – modestement ! – de nos civilisations qui courent, depuis leurs naissances, vers la fin.
Elle respire encore raconte cette tragédie, notre histoire écrite d’avance, notre long et interminable dernier souffle.
Ce n’est pas une dystopie, c’est l’histoire du monde, qui tourne en rond, générations après générations, civilisations après civilisations. C’est la grande roue du temps, terrifiante et inéluctable, qui tourne en broyant nos soifs d’ailleurs et de connaissance, qui rend inutile l’idée même de culture.
L’histoire de cette œuvre se situe aux frémissements de l’aventure contemporaine, juste avant la grande ère de la chasse à l’ennui. Et ça finit mal.
On y voit et entend des colères, des incompréhensions, des découvertes tardives, de la musique, des souvenirs, des coups, des morsures, des errances, des désirs mal contrôlés, des regards insistants. On y voit aussi – humides – des langues et des organes génitaux mêlés, des chutes et des courses, des cris et, au-dessus, un ciel lourd.
Et nous, qui venons regarder ce triste spectacle, que faisons-nous là ? Pourquoi ce besoin de consommer une représentation de notre condition désespérante ?
Je ne sais pas. Mais comme vous, je regarde le monde s’agiter, sans juger, mais sans comprendre, et je cherche, dans la fange, de la lumière, de la beauté, de l’art.
– Jérémie Niel
Elle respire encore la nouvelle création de Jérémie Niel, prend l’affiche du 14 au 17 mars, 2018