Tour du monde en quatre créations sur trois continents, Danse Mutante boucle sa boucle à Montréal, porté par Francis Ducharme et Riley Sims.
Le périple fou de ce relai chorégraphique imaginé par Mélanie Demers conclut sa cavale sous forme de marathon de danse. Au fil d’arrivée, le duo Cantique, que la chorégraphe montréalaise a initialement créé en 2018, rejoint ses différentes mutations signées successivement par trois frondeuses de la création contemporaines : Ann Liv Young (New York), Kettly Noël (Bamako) et Ann Van den Broek (Anvers/ Rotterdam).
Un duo réinventé
Pour lancer le relai chorégraphique, Mélanie Demers a créé Cantique à l’image de ses deux interprètes-muses, Riley Sims et Francis Ducharme : à la fois virtuoses et indomptables. En passant son œuvre, elle invite chaque artiste à créer sa propre mutation du duo en remixant, altérant et réinventant la dernière version créée, selon quelques paramètres fixes: mêmes interprètes, temps de création limitée et durée de l’œuvre.
Les quatre femmes chorégraphes que tout sépare ont en partage un esprit rebelle qui investigue la société contemporaine et se bat contre le conformisme.
Mélanie Demers creuse depuis plus de dix ans les liens entre le poétique et le politique. Susciter l’action et la réflexion demeure le moteur de la vingtaine d’œuvres qu’elle a créées. Si Cantique poursuit sa réflexion incarnée sur la condition humaine, Danse Mutante investigue l’un des gestes qui la fonde : détruire pour créer à nouveau.
Ann Liv Young
«Elle est cette petite fille à la fois innocente et cruelle qui joue seule dans sa chambre à coucher avec ses poupées. Elle n’a aucune inhibition, non par provocation, mais par nécessité et pur plaisir.» — Mélanie Demers
Performeuse et chorégraphe, Ann Liv Young émerge dans les années 2000 comme une des figures les plus radicales de la scène new-yorkaise. Son travail s’inspire de ses expériences de vie, dont elle tire une matière sociale grinçante et explosive, drôle et sensible.
Elle puise aussi sa matière dans les mythes (Elektra, 2014 ; Elektra Cabaret, 2015) et les contes populaires (Snow White, 2006 ; Cinderella, 2010). Avec son alter ego Sherry, elle a développé sa propre thérapie performative, qui puise autant dans les techniques des prédicateurs, des alcooliques anonymes que celles de la psychologie traditionnelle.
Kettly Noël
«Elle resculpte le monde, le refait sien, elle le met à sa main. Elle joue avec notre (fausse) perception de ce qu’est le monde traditionnel et de ce qu’est le monde contemporain.» — Mélanie Demers
Chorégraphe, actrice et activiste d’origine haïtienne, Kettly Noël s’est établie en Afrique dans les années 90. Elle fait de la danse contemporaine son principal terrain de recherche pour son potentiel à résoudre les problèmes sociaux. Ses créations reflètent les questionnements, expériences et désirs de la société d’aujourd’hui.
Directrice du festival DenseBamakoDanse et du Centre Culturel Donko Seko, elle a été distinguée dut titre Chevalier des Arts et Lettres en 2017 par l’État Français pour l’ensemble de son œuvre. Tichèlbè (2002), Errance (2004), Fanta Kaba (2010), Je ne suis plus une femme noire (2015) ont notamment été accueillis dans le monde entier.
Ann Van den Broek
«Elle fait un travail d’orfèvrerie. Il y a une minutie presque chirurgicale dans sa manière d’aborder une œuvre. Et surtout, elle s’appuie encore sur le pouvoir d’évocation des corps.» — Mélanie Demers
Après une brillante carrière de danseuse, Ann Van den Broek fonde sa compagnie bicéphale Ward/waRD, basée à Rotterdam et à Anvers, en 2000. Sa gestuelle extrêmement maitrisée est souvent qualifiée d’instinctive, de radicale et d’explosive. Ses œuvres dissèquent les comportements humains pour en extraire les émotions les plus obscures comme les plus lumineuses. Ce langage qui lui est propre s’appelle «minimalisme émotionnel».
Des pièces telles Co(te)lette (2008), The Black Piece (2014) et Accusations (2017) ont notamment été saluées. Ces dernières années, l’apport de techniques audiovisuelles viennent renforcer l’expérience sensorielle de ses chorégraphies, déconstruire l’espace et reconsidérer le rapport au public.
MAYDAY
[COMPLET] 17-18-19-20-21 septembre 2019 – 19 h
150 minutes avec entracte
22$, 28$ | 29$, 35$
Midi-Coulisses 11 septembre 12 h 15 à 12 h 45. Entrée libre
Paroles d’artistes 18 septembre après la représentation