La résistance est dans l’ADN de la danse. Parce que la danse s’exprime par le corps, au-delà des mots. Et parce qu’elle s’est toujours développée en questionnant ses propres codes, du ballet au contemporain. On ne s’étonnera donc pas qu’elle résiste aussi aux conventions et courants dominants de la société.
Trois œuvres présentées du 24 au 27 janvier 2018 à l’Agora en témoignent de manière plurielle, loin des slogans politiques. Et la première forme de résistance qu’elles exploitent toutes trois : résister au format conventionnel du spectacle à l’italienne, pour renouveler l’expérience partagée avec le public.
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À quel saint se vouer? Icône Pop incarne l’ambivalence d’une société en perte de repères qui sanctifie la mise en scène de soi. Entre les figures de Beyoncé et de la Vierge Marie.
Après Animal Triste présenté à l’Agora en 2017, Mélanie Demers poursuit sa démarche engagée en croisant sa performance solo à la musique live de Mykalle Bielinski.
Dans sa chair s’imprègnent et se succèdent les multiples postures de la femme, d’hier à aujourd’hui : de la sainte-mère capable de (se) sacrifier, à la surpuissante pop-star contemporaine, adulée jusqu’au point de rupture — de révolte ou de déchéance. Entre le profane et le sacré, elle trace le portrait d’une identité féminine fragmentée.
Icône Pop est née d’une commande du festival B. Motion en Italie. Elle a été créée in situ dans une église italienne autour du thème de Stabat Mater – qui évoque la douleur de la Vierge Marie devant la crucifixion de son fils. L’Agora de la danse fait le pari que, même déracinée de ses origines, l’œuvre prend sens autrement.
Pour ce retour sur les planches en solo, Mélanie Demers poursuit le travail amorcé avec Animal Triste. Sa chorégraphie se fait plus performative que théâtrale, plus organique que formelle. Elle révèle, avec un brin d’humour – souvent grinçant —la part sombre des humains, aux corps pourtant traversés de soubresauts lumineux.
Mélanie Demers © Sabrina Reeves
Après 10 ans de carrière en tant qu’interprète avec O Vertigo, Mélanie Demers fonde sa compagnie MAYDAY où elle explore le lien puissant liant le poétique et le politique. Socialement engagée, elle voyage pour enseigner la danse au Kenya, au Niger, au Brésil et en Haïti. La réalité des pays en voie de développement la mène vers un art qui n’a de sens que dans sa capacité à susciter l’action et la réflexion. C’est dans cette perspective qu’elle crée les pièces Les Angles Morts (2006), Sauver sa peau (2008), Junkyard/Paradis (2010), Goodbye (2012), MAYDAY remix (2014) et WOULD (2015). En 2016, elle entame un nouveau cycle de création avec Animal Triste, qui ouvrait la première saison de l’Agora de la danse dans le nouvel Édifice Wilder en février 2017, et Icône Pop. Elle a présenté ses œuvres dans une trentaine de villes en Europe, en Amérique, en Afrique et en Asie.
Mélanie Demers
© Sabrina Reeves
Mykalle Bielinski
© Manon Parent
Compagnie MAYDAY
Chorégraphie Mélanie Demers
Interprétation Mélanie Demers, Mykalle Bielinski
Musique Mykalle Bielinski