Il restera toujours le geste.

La danse a de tout temps cherché à dire l’humain. Elle a honoré ses dieux et exorcisé ses maux dans des rituels collectifs, elle a exprimé son intériorité, exalté ses désirs et sa soif d’absolu, sublimé son [dés]enchantement face au monde. Puis elle s’est tournée vers le geste quotidien jusqu’à ne presque plus «danser», pour laisser cours à la beauté sans fard de l’ordinaire, dans un monde où tout doit être festif, « botoxé » et spectaculaire.

Même à cet extrême degré, il restera toujours le geste.

Le geste de se mettre en scène — ou en marge de celle-ci.

Le geste de mettre le corps au devant.

Comme un langage d’avant la parole et le raisonnement, d’avant la pensée.

Il restera toujours la danse. Comme un geste originel aux traces infinies.

 

J’ai eu envie d’écrire ce plaidoyer pour la danse dans la fébrilité d’avant le Jour J. Ouverture publique de l’Agora au Wilder dans moins de 2 jours. Mais déjà, avant même que les spectateurs ne franchissent le seuil (oui-oui, à côté de l’échafaudage, rue De Bleury, c’est bien là… attention, chantier toujours en cours, à l’instar de l’éternel work in progress de la création), l’Agora vibre et résonne de ses premières résidences artistiques.

 

Mélanie Demers qui prépare le baptême de notre nouvelle scène avec une danse sur la condition humaine. La 2e Porte à Gauche qui « séminarise » en bande sur ce que la danse peut « produire » — d’autre qu’un spectacle. Et tout d’un coup, le constat qu’une même trame —lame — de fonds sous-tend plusieurs rendez-vous chorégraphiques, ici à l’Agora comme ailleurs.

Ces artistes partagent une saine obsession à l’heure où les discours se polarisent au risque parfois d’effriter le tissu social: faut-il faire spectacle? Qu’est-ce que faire spectacle? Et comment ? Et pourquoi?

 

Cette belle convergence entre les préoccupations sociales et esthétiques, reflète bien ce que veut être ce blogue : à la fois une fenêtre sur ce qui se brasse dans les nouveaux murs de l’Agora et une plateforme pour traiter des enjeux qui traversent tout un milieu – voire une société.

 

En baptisant ce nouveau blogue de l’Agora, j’espère modestement donner un peu plus de visibilité à cet art essentiel, qui prend courageusement et véritablement le pouls de la société.

Frédérique Doyon
Commissaire invitée